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Le projet d'une enseignante confinée pour continuer la philo avec ses élèves: le musée virtuel Philofables en folie, par Alexandra Ibanès

 

 

Comment est née l’idée du musée virtuel Philofables en folie ?

Enseignante, je me suis retrouvée du jour au lendemain, comme mes élèves, confinée pour les raisons sanitaires que le monde entier connaît actuellement. Il a fallu, sans préparation, se mettre au télétravail pour assurer une continuité pédagogique tout en sachant que mes élèves cette année sont réfractaires à un enseignement classique, mais ont de nombreux talents au niveau de la créativité.

Je mène régulièrement des débats à visée philosophique en classe et j’ai pensé que poursuivre les discussions en famille serait pour beaucoup d’enfants et leurs parents une bonne façon de réfléchir ensemble autour de thématiques, afin qu’ils se connaissent mieux pour bien vivre ensemble durant un temps indéterminé.

En classe, nous avons étudié il y a quelques semaines une pièce de théâtre de Michel Piquemal (L’Annonce) qui a emporté un succès immense auprès des élèves surtout quand ils ont appris que l’auteur était un écrivain vivant ! Ils ont tout voulu savoir sur lui et en découvrant son œuvre, des enfants ont réalisé qu’ils possédaient certains de ses livres à la maison. Michel étant presque un voisin, ma classe et lui ont pu échanger quelques textos sympathiques .

 

Pourquoi les Philofables comme support ?

La première raison est, comme je l’ai précisé ci-dessus, d’ordre affectif. Les enfants avaient étudié l’auteur que connaît la maîtresse (succès garanti) mais surtout nous nous étions beaucoup amusés lors de la lecture de L’Annonce. Le contact n’étant que virtuel, je savais que j’éveillerais leur curiosité. Cette année, dans mon projet « philo à l’école », je n’avais pas eu encore l’occasion d’utiliser les Philofables.

La deuxième raison est d’ordre pédagogique. Les fables philosophiques comme le dit l’auteur dans sa préface, interrogent le monde et posent de vraies questions à partir de textes fondateurs tels que les contes, la mythologie, l’histoire antique, ou la sagesse venant de l’Orient. Chaque philofable est composée de deux parties : d’une part le récit lui-même réécrit par Michel Piquemal et d’autre part « Dans l’atelier du philosophe », où le lecteur est questionné et amené à réfléchir.

 

Quand les autres années, je présente des philofables à ma classe, les enfants sont ravis de lire des textes réécrits de Platon, Socrate, ou encore Bouddha, Tchouang –Tseu etc… Pour eux, se sentir capables à leur âge de pénétrer dans le monde de ces grands penseurs les valorise d’une façon qui est aux antipodes d’un quelconque narcissisme. Les philofables les prennent en considération en quelque sorte, et sont en cela aussi un excellent outil pédagogique.

 

Dessins à partir de la Philofable "La vache sur son île"

 

Pourquoi faire philosopher en famille plutôt que par des visioconférences ?

Lors de ce confinement, des familles vont se découvrir sous une autre facette... alors pourquoi ne pas philosopher dans le cadre familial ? Chacun se trouve contraint de vivre une situation singulière, coupé des repères habituels et de l’environnement de ses pairs. L’occasion est belle pour les parents et les enfants de créer ensemble un nouvel équilibre familial et la philosophie peut jouer ce rôle de passeur. C’est pourquoi j’ai proposé (sans l’imposer bien sûr) cette activité aux familles. La moitié de ma classe joue le jeu (et je n’ai pas de nouvelles de tous les élèves).

À part s’écouter, se respecter, ne pas imposer son point de vue, construire sa pensée ensemble et apprendre à se découvrir sous un nouveau jour, je n’ai pas donné d’autres consignes précises. Connaissant les familles, je sais que les discussions auront lieu sous différentes formes selon les sensibilités et le vécu de chacun.

C’est très frustrant de ne plus animer des débats philo avec les enfants, mais je tiens cette ligne de conduite de ne pas vouloir m’immiscer dans les débats philosophiques à la maison. Autrement dit, j’ai passé le relai ! Plus que ce qui se dira ou se fera, l’important est que les familles qui participent à cette aventure se parlent en réfléchissant sur notre condition d’humains.

 

Pourquoi le musée virtuel des philofables en folie ?

Cette année, les élèves de ma classe ont un goût pour l’expression plastique. C’est une des rares activités où les conflits n’existent plus entre eux. Aussi, exprimer leurs réflexions et débats par le biais du dessin, de la peinture, de collages, feutres ou craies m’a paru être une démarche fructueuse. Cependant, les enfants souvent dessinent, créent de belles productions et leurs œuvres un jour disparaissent dans une boîte, dans un classeur, où prennent la poussière au grenier… Il m’a semblé important de conserver ces moments privilégiés de représentation de la pensée dans un cadre non occupationnel (il ne s’agit pas de dessiner pour dessiner), de la période que nous vivons actuellement. Rien n’est figé, cette activité pourra se poursuivre par ailleurs.

Pourquoi donc ne pas imaginer un musée virtuel comme LE MUZ créé par Claude Ponti ? Suivant ce bel exemple, l’objectif de conserver une trace des pensées d’enfants par le biais d’expressions artistiques sera mené à bien. Cela aura pour résultat de valoriser des œuvres émouvantes sur lesquelles ils auront réfléchi dans un contexte particulier et différent de ce qui se pratique habituellement dans un cadre scolaire.

 

Ce nouveau « musée » s’agrandit tous les jours avec des dessins naïfs, étonnants, matures, insolites qui sont la trace d’une réflexion « philosophique » plus ou moins élaborée. Le résultat obtenu, à savoir le dialogue entre les enfants et leurs parents, est d’ores et déjà une réussite.

 

Dessins à partir de la Philofable "Diogène et le marchand"

 

  

Pourquoi faut-il garder une forme d’humilité ?

Bien que j’anime des ateliers philo en classe depuis plusieurs années et que j’aie des exigences, je crois qu’il est nécessaire de comprendre qu’actuellement nous vivons une situation exceptionnelle et qu’il faut savoir s’adapter.

Les derniers jours d’école, la classe était électrique. Sans parler de débats, je rassurais chaque jour et à chaque moment les élèves sur la situation. Comme ils se situaient dans le registre de l’émotionnel, je n’ai pas souhaité mener des discussions à visée philosophique à proprement parler, mais plutôt avoir de simples échanges à bâtons rompus.

On a beau dire, mais quand les élèves ont su qu’ils devaient prendre leurs affaires pour une durée indéterminée le vendredi en sachant que l’école allait être fermée le lundi, ils savaient pertinemment qu’il se passait quelque chose de grave. Actuellement, les enfants sont dans un état d’angoisse permanent avec les informations anxiogènes qu’ils reçoivent à chaque instant sans parler de certaines situations difficiles (parents soignants ou parents qui ne s’entendent pas très bien). Chaque jour, je reçois de leur part des messages reflétant toutes ces situations (messages positifs, messages de tristesse, voire d’angoisse...) Il me semble important de prendre la mesure de toutes ces émotions que l’on ne peut pas voir forcément derrière un écran ou en visioconférence.

Bref, il me paraît important que les débats à visée philosophique soient menés avec précaution, sur des sujets bien choisis qui n’affecteront pas les familles (l’émotionnel toujours). L’important est de continuer à penser, à se remettre en question et à partager de beaux moments en famille par le dialogue. Le reste viendra après…

 

© Alexandra Ibanès pour LaboPhilo, 2020.

 

 

Pour visiter le Musée virtuel Philofables en folie sur Facebook : cliquer ici !

Pour suivre le travail philo en classe d’Alexandra Ibanès : cliquer ici !

 

Pour en savoir plus sur Michel Piquemal, visitez son site: cliquer ici !

Pour acheter les Philofables, rendez-vous dans votre librairie préférée.

 

 


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