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"Connais-toi toi-même" - 4 célèbres contresens de l'histoire de la philosophie décortiqués! [Podcasts gratuits France Culture]

"Connais-toi toi-même" - 4 célèbres contresens de l'histoire de la philosophie. Podcasts gratuits. Les Chemins de la philosophie. France Culture]
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Qu’ont vraiment voulu dire les philosophes Socrate avec son célèbre “Connais-toi toi-même”, tellement repris par les auteurices de développement personnel, Thomas Hobbes et son galvaudé “L’homme est un loup pour l’homme”, cité ici et là comme argument d’autorité par les thuriféraires d'une vision négative de l'humain, René Descartes dans sa formule si peu écologique “Se rendre comme maître et possesseur de la nature” et Hannah Arendt lorsqu’elle évoque une choquante “Banalité du mal” ?

Voici 4 célèbres contresens de l’histoire de la philosophie décortiqués en 4 podcasts en accès gratuit réalisés par France Culture (émission Les Chemins de la philosophie, préparée et présentée par Adèle Van Reeth)

 

Episode 1.

"Connais-toi toi-même" est l'un des préceptes gravés sur le fronton du temple d’Apollon, à Delphes, et souvent rapporté dans les écrits de Platon, dans les mots de Socrate. Mais que veut-il dire ? Que la philosophie antique aurait pour but la connaissance de soi, aux dépens des autres, aux dépens du monde ?

Dans le temple de Delphes, la parole du dieu était transmise par un intermédiaire, la Pythie, que les humains pouvaient venir consulter.
La phrase est encore citée aujourd'hui comme emblématique de l'attitude philosophique par excellence.
Mais que veut-elle dire ?
Le problème, c'est qu'aujourd'hui, le "soi" a un sens très différent.
D'où d'innombrables contresens suscités par cette phrase à travers les siècles d'histoire de la philosophie...

« Cette maxime désigne la place qui est la nôtre en tant qu’homme dans l’univers… et peut-être aussi jusqu’à la place de l’homme dans la société, et cela peut inclure aussi la connaissance même de sa nature plus particulière, être de telle ou telle individualité. Chez Héraclite, une centaine d'années environ avant Socrate, il y a une interrogation de cet ordre : dans un fragment, il dit "Je me suis cherché moi-même". On peut estimer que partant à la recherche de lui-même, examinant celui qu’il est, il découvre un discours intérieur, une voix dont il ne perçoit pas exactement la signification. De ce point de vue, la parole de la Pythie, si elle reprend en partie la consigne inscrite sur le fronton du temple de Delphes, peut équivaloir à ce que découvre Héraclite en scrutant son intériorité : une parole énigmatique. Il y a chez Héraclite la conscience d’une forme d’énigme que l’on est pour nous-mêmes. » (Fulcran Teisserenc)

[Source : France Culture]

  

Episode 2.

Thomas Hobbes est l’auteur du célèbre livre de philosophie politique Léviathan. En 1641, en exil volontaire en France, il observe ce qui agite et trouble son pays, l'Angleterre : la guerre civile. Il rédige alors Du Citoyen, où apparaît la fameuse maxime, objet de nombreux contresens...

Contrairement aux apparences, la phrase "L'homme est un loup pour l'homme" ne signifie pas que la vie en société est une guerre de chacun contre chacun, ce qui est une autre phrase mal comprise écrite par le même philosophe.
« “L’état de nature” est un concept, une invention, qu’on pense aujourd’hui à la manière de Darwin comme s’il s’agissait d’une description des relations entre les espèces ou les individus, mais lorsque Hobbes pense ce concept, il crée une distinction entre état de nature et état civil, et l’état de nature ne lui sert qu’à une seule chose : nous permettre de penser la différence qu’il y a entre vivre en société protégé par des lois et vivre hors de la société dans cet état qu’il désigne comme un état de nature, et il ajoute : cet état de nature est aussi un état de guerre… » (Luc Foisneau)

[Source : France Culture]

 

Episode 3.

Pourquoi Descartes, dans son Discours de la méthode, en 1637, nous invite-t-il à nous rendre comme maître et possesseur de la nature ? Aujourd’hui, ces mots sonnent comme un projet antiécologique, mais ils furent aussi considérés comme le manifeste de la démesure moderne. Qu'en est-il vraiment ?

Pendant ses années d'études, le jeune René Descartes rêve d'une science qui proposerait à l'homme des fins à suivre. Et c'est en rêve, justement, des années plus tard, lors d'une nuit d'enthousiasme, qu'il découvre "les fondements d'une science admirable". Quelques temps plus tard, en 1637, il publie le Discours de la méthode, dans lequel il expose le chemin à suivre pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences.
Ce petit morceau de phrase, “Se rendre comme maître et possesseur de la nature”, se trouve à la fin du Discours, et énonce le programme à suivre tant recherché par Descartes, et si mal compris par nous autres lecteurs des XXe et XXIe siècles...

« La phrase de Descartes se situe dans une ambiance générale, c’est enfin le règne de l’homme, qui, par les arts mécaniques, pourra maîtriser l’environnement. L’ambiance de l’époque est heureuse, on ne subit plus, et là prend place cet extraordinaire petit morceau de phrase... on tombe dans la démesure : on va posséder la nature elle-même ? Ça a quelque chose de libérateur puis d’angoissant. Mais quand Descartes dit “Se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature”, cela veut dire en réalité qu’on a démystifié la nature elle-même, la science moderne fait s’évanouir l’idée de nature… » (Marie-Frédérique Pellegrin)

[Source : France Culture]

 

Episode 4.

En 1963, suite au procès d'Eichmann que couvre Hannah Arendt pour The New Yorker, elle publie ses articles en un livre : Eichmann à Jérusalem. Le sous-titre pose souci et le livre fera scandale... : "Rapport sur la banalité du mal". Que voulait-elle dire, en utilisant le terme de "banal" ?

Le 11 avril 1961, Adolf Eichmann comparait à Jérusalem pour quinze chefs d'accusation dont "crime contre le peuple juif", "crime contre l'humanité", et "crime de guerre".
Ce procès attire deux fois plus de journalistes qu'à Nuremberg, et est presque intégralement filmé pour les télévisions du monde entier.
Parmi ces journalistes, la philosophe Hannah Arendt, qui réside alors aux Etats-Unis, décide de couvrir le procès Eichmann pour The New Yorker.
Ses articles sont publiés sous forme de livre, en 1963, sous le titre : Eichmann à Jérusalem.
Ce qui pose problème, c'est le sous-titre : Rapport sur la banalité du mal.
Comment la philosophe peut-elle employer le terme de "banal" au sujet d'un homme ayant contribué à exterminer des millions de juifs ?
Le livre fait scandale, et encore aujourd'hui, l'expression de "banalité du mal" heurte l'entendement de ceux qui la lisent.

« Le problème avec l’expression de “mal radical” telle que Arendt l’emploie, c’est que d’une part elle sait très bien que cela fait écho au mal radical kantien, mais dans Les Origines du totalitarisme, le sens qui découle de ses analyses quand elle emploie le “mal radical”, c’est que ça n’est jamais comme chez Kant l’idée d’une possibilité d’une volonté mauvaise, qui est au fond l’une des idées qui va avec l’idée du mal radical chez Kant, et donc que l’on entend "radical" comme étant profond. Mais quand on lit Les Origines on se rend compte que "radical" renvoie à plusieurs choses : à la politique du tout au rien des nazis, à la dénégation de la pluralité humaine, à une démesure logicienne. Et elle parle aussi, dans son Journal de pensée, de l’invention diabolique du désintéressement. Elle a repéré que les nazis sont des acteurs qui se débarrassent de leur propre soi, ne sont plus des quelqu’un mais investis dans un désinvestissement d’eux-mêmes, que cela est lié à la désolation, justement à un déracinement des individus dans le totalitarisme. La manière dont elle emploie "radical" dans Les Origines du totalitarisme est en lien avec le déracinement, désolation propre à la société totalitaire. D’une certaine façon, effectivement la "banalité" a à voir avec une superficialité et elle creuse la superficialité liée à l’absence de pensée avec ce mot de "banalité". La grande différence qu’il y a entre la "radicalité du mal", dans Les Origines du totalitarisme, et ce qu’elle appelle la "banalité du mal" par la suite, c’est l’insistance dans Eichmann à Jérusalem sur l’absence de pensée. La pensée étant ce qui nous fait aller à une certaine profondeur quand l’absence de pensée est liée à une superficialité. » (Martine Leibovici)

 

[Source : France Culture]

 

Pour accéder aux podcasts : cliquer ici.

 


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