Qu'est-ce que la philosophie? - Retour d'un atelier d'Evelyne Pipitone, animatrice philo pour enfants

TEMPS 0

1. Accueil

2. Le brise-glace 

Le cercle des ressemblances : Inspiration et source : https://www.destinenseignante.ca/2018/07/activites-brise-glace-rentree-scolaire-ecole.html

Pour des ateliers récurrents où les mêmes enfants revenaient plusieurs fois de suite, je privilégiais la pratique de l’attention.

Ici, nouveau format, nouveaux arrivants et/ou « habitués », l’idée était de les rassembler (faire connaissance), avec un espoir : « Qui se ressemble, se rassemble » ? (ou l’inverse ?)

Et ça marche !

- Le principe : Les enfants forment une ronde. Énoncer des affirmations choisies et successivement. Chaque fois qu’un énoncé est « vrai », l’enfant rejoint le centre du cercle. À l’énoncé suivant, si c’est toujours vrai, l’enfant reste au centre du cercle ; sinon, il revient à sa place initiale. Enfin, pour la dernière affirmation, trouver une sentence commune afin que tous les enfants puissent se retrouver au centre de la ronde.

- Objectif de cette activité : Le dialogue demande un climat de confiance : apprendre à se connaître et connaître l'autre, oser se raconter, pour faciliter l’affirmation de ses opinions, la résolution de problèmes et partager des idées.

1. J’ai un chat

2. Je joue d’un instrument de musique

3. J’aime me déguiser

4. Je n’aime pas qu’on me dise quoi faire

5. Je chante sous la douche

6. J’écris de la main gauche

7. J’aime les leçons de sciences

8. J’ai un chien

9. Je fais mon lit tous les matins

10. Je pratique un sport

11. J’aime visiter les musées

12. J’aime l’odeur de la mer

13. Je lis des BD

14. J’ai une collection

15. J’aime la cuisine chinoise

16. Je n’aime pas l’hiver

17. Ma couleur préférée est le bleu

18. J’ai déjà voyagé en avion

19. J’ouvre mes cadeaux la veille de Noël.

20. Je suis dans une école française

La note « rigolote » : Dans le groupe, il y avait une fratrie (frère et sœur respectivement âgés de 10 et 7 ans) : Pour certaines affirmations comme « j’ai un chat », « j’ai un chien », ils se questionnaient sur la réponse exacte.

3. Les règles de l’atelier : Même pour les « habitués », elles sont rappelées et/ou devinées par les enfants eux-mêmes et affichées chaque fois. (En ce qui me concerne, un cercle de parole posé au sol avec le bâton de parole en symbole lorsqu’il ne peut être utilisé, comme ici).

TEMPS 1 : Induction

Lecture : Les 6 aveugles et l’éléphant :

(Sur un PPT animé en images et en musique comme je l’ai fait, ou n’importe quel support de votre choix).

Une fable indienne aux origines très anciennes et aux multiples versions.

En voici une :

On raconte qu’un jour de grand soleil, six aveugles arrivèrent dans un village. Sur la place du village, se tenait un éléphant grand et majestueux. Comme aucun des six hommes n’en avait jamais vu, ils s’approchèrent.

Le premier s’avança vers l’éléphant et, perdant pied, alla buter contre son flanc large et robuste. Il s’exclama aussitôt : « C’est simple ! Un éléphant, c’est comme un mur ! »

Le second, palpant une défense, s’écria : « Oh ! Qu’est-ce que cet objet si rond, si lisse et si pointu ? Il ne fait aucun doute que cet éléphant extraordinaire ressemble beaucoup à une lance ! »

Le troisième se dirigea vers l’éléphant et, saisissant par inadvertance la trompe qui se tortillait, s’écria sans hésitation : « N’importe quoi ! Un éléphant, c’est comme un serpent ! »

Le quatrième, de sa main fébrile, se mit à palper le genou. « Êtes-vous fous ? Un éléphant c’est comme un arbre ! »

Le cinquième toucha par hasard l’oreille et dit : « Vous n’avez rien compris ! Même le plus aveugle des hommes peut dire à quoi ressemble le plus l’éléphant ; nul ne peut me prouver le contraire, ce magnifique éléphant ressemble à un éventail ! »

Le sixième commençant tout juste à tâter l’animal, la queue qui se balançait lui tomba dans la main. « Je vois, dit-il, que l’éléphant ressemble beaucoup à une corde ! »

(Ainsi, ces hommes discutèrent longuement, chacun faisant valoir son opinion avec force et fermeté. Même si chacun avait partiellement raison, tous étaient dans l’erreur. Quand on se fie uniquement à son point de vue, il est impossible de voir la réalité en son entier ; il n’y a jamais qu’une seule réponse à une question).

NB : Ce dernier petit chapitre entre parenthèses n’est pas à raconter afin que les enfants puissent interpréter, questionner la narration et découvrir par eux—mêmes grâce au guidage de l’animatrice. (Personnellement, je l’ai juste imprimé sur le livret à emporter). 

Référence : Texte de John Godfrey Saxe, poète américain (1816-1887)

Conte indien, 500 ans < JC (bouddhisme puis jainisme, hindouisme, soufis) introduit en occident par John Godfrey Saxe, poète américain (1816-1887)

Le texte bouddhiste Udana 6.4 contient l'une des plus anciennes versions de l'histoire. Elle est datée d'environ 500 ans av. J.C., du vivant du Bouddha.  Dans ses différentes versions, c'est une parabole qui a traversé de nombreuses traditions religieuses et existe dans les textes jaïnistes, hindous et bouddhiques du 1er millénaire de notre ère ou avant. L'histoire apparaît également dans les traditions au 2ème millénaire soufies et bahá’íe. Le conte est plus tard introduit en Occident par le poète américain John Godfrey Saxe qui créé sa propre version

Et comme à l’habitude, questions de compréhension et d’interprétation en terminant par : « Qu’auraient-ils pu faire pour avoir une idée plus juste de ce à quoi ressemble un éléphant ? » (Ou « qu'auriez-vous fait à leur place ? »).

La réponse tombe inévitablement : « Ils ne se sont pas posé de questions, ils pensaient tous avoir raison » (Ah ! les enfants !) - Ce qui permet d’introduire l’activité suivante : La valise du philosophe.

Temps 2 :  Exploration : Le philosopher

La valise du philosophe

Outil créé et partagé par le Pôle Philo et Pauline Stavaux. À découvrir.

Une valise, contenant un tas d’objets symboliques de la recherche philosophique : Devinez!

Leurs réponses :

? Je me pose des questions (L)

Ampoule : « C’est comme dans les BD où on met une ampoule au-dessus de la tête des personnages quand ils trouvent une idée (B.)

Lampe de poche : Si je suis dans une grotte, j’ai besoin d’une lampe de poche pour avancer (J. et…la Caverne de Platon)

Loupe : C’est comme pour des histoires de policiers, c’est pour mener une enquête » (J.)

Gomme : Pour effacer mes idées (B.)

Clé à molette : Pour mesurer mes idées (L.)

Image illusion d’optique : Tous : Ah oui ! On ne voit tous pas la même chose et si tu changes l’image de place, on voit autrement !

Lunettes : Pour regarder mes idées (R.)

Puzzle mécanique : La portée métaphorique de l’objet choisi (une clé de sol et une croche imbriquée) a rendu plus difficile la déduction : Triturer ses idées pour trouver une solution fut leur réponse (mon commentaire d’ancienne musicienne qui n’a pas choisi ce difficile objet par hasard : « Et accessoirement trouver son « La » dans la vie » (réaction souriante de L., musicien : Ah ! Ah !)

NB : L’enregistrement audio de l’atelier n’a pas été autorisé ; raison pour laquelle je note uniquement les initiales des prénoms dont certaines sont communes à plusieurs enfants ; j’ai restitué de mémoire le jour même.

C’est ainsi que, grâce à eux et tout naturellement, nous pouvons enchaîner sur le jeu des « Questions philo – pas philo »

Temps 3 : Réflexion : Qu’est-ce qu’une question philosophique ?

Jeu : Questions Philo, pas philo ?

Il s’agit ici de faire découvrir aux enfants ce qui caractérise une question philosophique.

Attention : Comme le dit si justement Mathieu Gagnon : Une question a priori non philosophique peut toujours être convertie en doute philo : il suffit de tirer le fil…. »

Faire découvrir progressivement :

Étape 1 : poser une question de chaque côté et faire émerger les critères d’une question dite « philosophique »

Étape 2 : poser 1 ou 2 autres questions de chaque côté et vérifier les critères énoncés

Étape 3 : distribuer l’ensemble des questions préparées et les faire classer par les enfants

Et bien !... Ils ont tout bon!

De mon côté, je n’ai rien inventé ; j’ai repris les questions proposées par Pauline Stavaux puisqu’elles me « parlaient »

Sentez-vous libres de réécrire les vôtres.

Les enfants sont invités à trouver, s’ils le souhaitent, leur propre question philosophique ; Un seul a osé : « C’est important l’argent ? »

NB : Il est préférable de laisser les objets de la valise à la vue des enfants pendant la réflexion (même si cela ne se voit pas ici)

Temps 4 : La trace écrite

La cocotte de questions

Objectif :  Confectionner une cocotte de questions philosophiques pour jouer en famille et/ou en groupe

Parmi les questions posées dans le jeu et/ou celles trouvées par les enfants

En amont :

Préparer le papier adéquat

Pour ma part, j’ai choisi un papier 24X32 en 120 mg/m2 (ni trop mou, ni trop rigide, plus confortable que le format A4 et moins imposant que le A3) qui m’a permis d’obtenir un carré ni trop grand, ni trop petit ; j’aurais aimé des feuilles de couleur mais je n’ai pas trouvé.

Feutres, crayons de couleur et gommettes pour le décor et stylos bille (pour rédiger les questions)

Une activité fort appréciée. 

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